Les deux compères
avaient chaque jour devant eux six à huit heures de travail
pour rendre le script d'une cinquantaine de pages. Un rythme
toujours d'actualité, avec quelques variations : "au
début c'était huit heures, avec l'entrainement,
c'est sept, et dans l'urgence on peut descendre à six." Au
bout de trois ans d'émission, c'est tout de même
un pile d'1m50 de hauteur qui représente plus de 600 émissions
en juillet 2001.

Même si Fred est l'élément
indéboulonnable de l'émission, la présence
d'un co-auteur s'est révélé indispensable.
L'arrivée de Guillaume Denis à cette place est
loin d'être innocente. Ils se sont connus par l'intermédiaire
de Jean-Baptise, le frère de Fred, que Guillaume connait
depuis plus de dix ans. Ils se rendent compte qu'ils s'entendent
bien, que les mêmes choses les font rigoler. Les voilà parti
pour bosser ensemble. Ils commencent à écrire des
petits projets télé, un pilote de sitcom (déjà !)
et le premier one-man show de Fred, présenté à Avignon
pendant un mois en 1998.
Quand Fred commence à voir que l'émission ne peut être
assurée par un seul auteur, qu'au lieu des vingt ou trente pages
initiales, il en faut plus d'une cinquantaine, c'est Guillaume qui se
trouve naturellement appelé à la rescousse en début 1999.
Le créatif
de pub adulant les Nuls à « se mettre à genoux
devant eux », est prêt à consacrer dix heures
par jour au Monde de Monsieur Fred pour une indemnité dérisoire.
Les six à huit heures de boulot
quotidien, c'est chez Fred qu'elles se déroulent. Rendez-vous
chaque jour. En presque trois ans (début 99, début
2001 pour la maman), ils vivaient pratiquement tout
le temps ensemble. Pour des raisons bassement économiques
et financières, Guillaume Denis créatif de pub à la
base, a dû s'organiser professionnellement. Car OÜI
FM était un faible payeur pour l'homme de l'ombre. Ce
qui au bout d'un moment s'avéra quand même assez
difficile à concilier.

Dans l'univers peuplé de dictionnaires
de synonymes, de recueils de citations littéraires, les émissions
prennent forme peu à peu. Les personnages sont nés également
là, ramenés par Fred à l'occasion de rencontres
fortuites à la radio.
Ecrire une émission, c'est travailler sans filet pour le soir
même. Rien n'est stocké, toutes les émissions sont écrites
le jour même car ils ne savent travailler que dans l'urgence. A
part les plus gros rendez-vous, les lives, qui sont écrits plusieurs
jours à l'avance (parfois terminé la nuit précédente à 05h00
du matin - quand on dit que c'est travaillé dans le stress...).
Sinon, ils n'arrivent à rien.
Gueule de bois trois importante, pas d'inspirations, etc. L'occasion
d'une rediffusion ou parfois aussi de la reprise d'un ancien script.
L'arrivée
d'un cinquième personnage récurrent ne
change pas grand chose sur le long terme, LMDMF s'achemine
vers un lent essouflement
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Chaque fin d'année, c'est
la même
chose. Essouflement des esprits, les cordes s'usent, ils ne sont
pas un puits d'idées sans fond. Pendant deux années
de suite, 1999 et 2000, l'été passe et c'est reparti.
Mais cette baisse de la motivation, entre autres, a conduit à la
multiplication des équipes d'écritures. Pendant une demi
saison en 2001, Fred écrivait moins d'émissions, laissant
le soin de préparer les scripts à Daniel Morin et consorts
pour Un Monde Sans Monsieur Fred. Les tensions internes n'y étaient
pas pour rien - Fred parle même d'ambiance "loftienne" en évoquant
cette époque là, c'est dire...
Mias c'est en octobre-novembre 2000, à l'orée
de cette troisième saison que ça commence à dévier.
L'arrivée d'un cinquième personnagerécurrent,
Stefan Maarek,
ne change pas grand chose sur le long terme, LMDMF s'achemine
vers un lent essouflement. Les auteurs tirent de plus en plus
sur la corde de la facilité, celle des parodies de films.
Même si souvent encore une qualité est respectée, exit les
aventures rocambolesques et loufoques des débuts.
L'écriture tourne en rond mais
les personnages restent les mêmes, l'audience, si elle
n'augmente plus, reste à peu près fidèle.
La série a ses habitués, et ils sont encore nombreux.
L'effet sitcom a pris : on accompage ces personnages devenus
familiers, avec qui on a tant partagé. Difficile de se
résoudre à les voir partir.
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