Avant
eux et leur sitcom radio, peuplé de lieux imaginaires
et d'aventures loufoques, on trouve trace de Signé Furax, émission
radio quotidienne créée par Francis Blanche et
Pierre Dac.
1200 épisodes de ce feuilleton d'humour
ont été produits entre 1956 et 1960. Furax a été un
très gros succès radio du feuilleton, avec des
personnages récurrents. Le parallèle est facile.
LMDMF n'a pourtant produit que 623 épisodes en trois années
continues. Mais la durée de l'émission est autrement plus longue.
En 1998, Michaël Gentile, le
directeur de la radio, propose à Fred une matinale.
Il a bien accroché avec ce qu'il faisait épisodiquement
dans l'émission Beat, Whisky et poésie de
Florence Denou. Très vite, Fred s'aperçoit que
les matinales ne sont pas pour lui. Il arrive en retard à la
première. Quelques temps plus tard, il prend la direction
la dernière tranche animée, de 23 heures à minuit,
accompagné de Latex, le réalisateur et quelques
amis venant parfois apporter leur voix. De sept à huit
sketchs indépendants chaque soir, Fred commence à développer
des histoires suivies. Les rencontres au sein de la radio se
font naturellement et c'est comme ça que Daniel Morin,
journaliste, Jean-Mathieu Pernin, journaliste stagiaire, et
Maxime Natali, auditeur des premiers jours se sont greffés à Fred
et ses aventures. Tout ça en l'espace de trois à quatres
mois.
Fred dit même avoir constitué une Star Academy. X-men
de la vie serait plus approprié.
A défaut d'un film, Fred entretient alors une équipe de sitcom.
Le succès de ce sitcom : le
délire entre copains instituté en rendez-vous
quotidien grace aux micros. L'émission est vite devenue
fédératrice. Dans les cours de lycées
en région parisienne, les émissions se racontaient
le lendemain. Guillaume Denis a d'ailleurs une anecdote là dessus
: il s'est un jour retrouvé dans une rame de métro
avec derrière lui un groupe de jeunes auditeurs racontant
l'émission de la veille à coup de répliques
et de rires. Et lui jubilant derrière, ne pouvant leur
dire merci.
Tout se racontait, l'émission était non seulement connue mais
qui plus est transmise. Les cassettes audio s'échangeaient. On parle
de 40 000 auditeurs pour l'émission au moment de son apogée.
Un public plutôt jeune, étudiants, lycéens. Au départ,
ce n'était même pas ce public qui était visé. Les
petites scènettes du départ ratissaient large, à coup
d'histoires loufoques et de références littéraires.
L'émission a explosé. La fantaisie éclectique de Fred
Martin s'est peu à peu étalée. Et l'avantage de la radio,
c'est que les décors ne sont pas en carton pâte. Pas besoin de
faire évoluer Perchut, Meuble, Niluje et les autres entre une cafèt',
un appart' de colocataires heureux ou un couloir de fac. Un unique point de
départ (la Forêt Magique) et après, c'est au hasard
de l'inspiration - New-York, Tahiti, la boulangerie, les intestins de Boris
Elstine, une colonie de vacances, etc.
Fred est arrivé avec un peu
de folie et surtout pas mal de personnages qui habitent cet
univers. On le dit très vite schizophrène sur
la bande FM. L'attrait c'est bien ça, les voix qu'ils
adoptent. Marguerite l'emblématique chaussette de sport
qui pue qui parle, Niluje, et les autres personnages qui ont
traversé l'émission.
Ils sont caricaturaux, fort et drôle. Les mimiques se répètent
indéfiniment, et ça marche. Les "plus beaux jours de
ma vie de Niluje", les kiwis de Meuble, les jingles de Latex sont
autant d'exemples de petits détails devenus références
pour les auditeurs. Pas sûr que les émissions pour le même
public, sur d'autres radios, aient générées autant de
ralliement. Un vrai petit monde de sexe, d'alcool, de jeu de mots et de littérature.
Public
lors du 2e live au Trabendo - 800 personnes.
C'est d'ailleurs ça qui provoque
l'essouflement au fur et à mesure, les personnages s'accumulent,
les histoires deviennent torturées, les personnages
moins caricaturaux. A vouloir les sortir de leur stéréotype,
ils en deviennent interchangeables. Monsieur Meuble, crétin
fini, devient plus posé, Léon Tom Cruise, pleutre
et renfermé, prend des initiatives couronnées
de succès. Un monde s'écroule...
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